AmesDouces

Les homosexuels d'extrême-droite obéissent-ils aussi à leurs gènes en matière politique?

La faveur dont jouissent auprès de certains homosexuels masculins et féminins les idées de droite, voire d'extrême droite ne s'explique par aucune propension à la brutalité ni à la sécheresse de coeur. C'est l'idée d'ordre et de stabilité qui les anime. Ils ont besoin d'être réconfortés, dans un monde menaçant ruine, un monde truffé de cabales par des gens sans talent ni vision qui mènent la société à sa perte.


Qu'il s'agisse de Jorg Haider, jeune représentant du parti ultraconservateur autrichien, de l'entourage de Marine Le Pen en France, qui compte, comme la presse l'a souligné (sans apporter la précision nécessaire), un nombre élevé d'homosexuels cravatés fort peu hédonistes, de l'écrivain français Renaud Camus ouvertement mais sobrement homosexuel qui se fait, comme Saint-Saëns le chroniqueur zélé de la décadence de son pays et de son art en répétant que tout va mal finir; qu'il s'agisse encore des conservateurs américains  comme le sénateur de l'Illinois, l'ancien sénateur républicain de Porto Rico, l'ancien député de Californie David Drier, le député de l'Illinois Aaron Shock, on retrouve partout, chez les homosexuels du type mâle-ascétique, ce besoin de redresser l'enclos de la pensée et de se garder des préférences anarchiques et dangereuses de la foule. Les écrits de Howard Hughes sont particulièrement intéressants à cet égard. Voilà un homme qui dans son journal ne cessait de pester contre Disney, Disneyland, les hotels anarchiques de Las Vegas qui flattaient les goûts vulgaires et désordonnés de la foule. Glenn Gould lui-même, qui a livré une grande quantité d'entretiens radiophoniques définit son idéal comme absolument éloigné de la liberté et de la poursuite du bonheur qui caractérisent le rêve américain. Il se flatte de défendre plutôt la paix, l'ordre et la bonne gouvernance qui sont les préceptes constitutionnels de son pays, et souligne que l'obsession occidentale de la liberté ne mène souvent qu'à la violence sociale.

Mon conseiller scientifique, qui n'est pas opposé à me voir définir un type 1 et qui trouve mes arguments plausibles, se demande toutefois en quoi les hyper-mâles homo ou bisexuels, ceux dont je prétends qu'ils ont tendance à "sauter sur tout ce qui bouge", peuvent entretenir malgré cela, une fibre non-violente et mériter le nom d'Ames douces

Cette contradiction, si elle existe, n'est qu'apparente. D'abord ces personnages caractériels, hommes ou femmes, qui campent aux marges de l'autisme, forment un pourcentage très minoritaire des homosexuels. A eux seuls, ils ne pourraient faire basculer une société entière dans la violence.

Mais surtout, ils n'y sont pas disposés. En dépit de leurs tendances dominatrices, la brutalité leur fait horreur. Chez eux la non-violence est réelle, elle est même militante, mais elle ne résulte pas d'un défaut d'armement, puisque la nature les a surarmés: ils sont souvent devenus des âmes douces pour avoir déposé les armes. On soupçonne assez vite le lien qui existe entre cette homosexualité par excès d'androgènes, amie des règles, de l'ordre, de la stabilité, des procédures, des rituels (et d'ailleurs prompte à les restaurer) - et la crainte de la violence. La violence est exactement le contraire de ce qu'ils souhaitent. En tout cas il la perçoivent comme Howard Hughes et Edgar Hoover : pour eux elle est rébellion, anarchie, déséquilibre. Elle représente des procédures qui sautent, des règles qui disparaissent, un risque de promiscuité, de contact direct: en somme, tout ce qu'ils détestent.

Le lien observable, et de plus en plus observé par la presse entre l' homosexualité et l'extrême-droite n'a donc rien de surprenant. L'extrême droite semble réclamer une protection par l'ordre hiérarchique. Le pacifisme théorique des hypermâles (qu'ils soient mâles ou femelles comme nous l'avons vu) est le fruit d'un dilemme impossible et d'une névrose. Ce sont de grands ennemis du désordre parce que le désordre les menace et les concerne plus que les autres. Les grands homosexuels austères, ascétiques, qui font profession de réfléchir aux déchaînements de la société jusqu'à vouloir les prévenir par la contrainte, prêchent la sagesse car ils connaissent mieux que personne le prix de la folie: prédateurs dans l'âme, affligés de l'intelligence aiguë du chasseur, ils l'hébergent depuis leur naissance. Ils savent en outre que paradoxalement, leur atypisme les expose à devenir des proies pour la foule en cas de désordre.

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C'est sans doute pourquoi les biographies de pacifistes célèbres réservent les mêmes surprises que celles des pionniers de l'aviation: on rencontre parmi eux une forte proportion de dominateurs qui ont sublimé leurs pulsions. Ces gens-là sont trop souvent homo ou bisexuels pour qu'il n'y ait pas un lien. Par exemple Jane Addams (prix nobel de la paix 1931), qui faisait du gandhisme diplomatique entre les deux guerres avait beaucoup d'amies-femmes et elle ressemblait à un officier de cavalerie. Léon Tolstoï, qui finança les Dukhobors et leur émigration en Amérique et qui fut un véritable théoricien de la Paix jusqu'à participer à un congrès mondial en 1909, faisait indiscutablement partie, entre trente et quarante ans, des hommes qui sautent sur tout ce qui bouge (et il n'était pas insensible à la beauté masculine non plus, selon plusieurs témoignages, dont celui de sa femme).

Après un certain âge, il a plutôt choisi l'amour universel. Mère Térésa a laissé des souvenirs troublants où se manifeste un lien entre sa sexualité impérieuse, impossible à satisfaire autrement que par la masturbation (révèle t-elle assez étrangement dans ses mémoires), et un amour sublimé pour l'ensemble du genre humain. Georges-Bernard Shaw, pacifiste convaincu, naturiste à ses heures, était réputé "asexué", encore un.